Voici le testament écrit à la fin de sa vie par une auteure célèbre, « premier écrivain anglophone français » mais c’est surtout une lettre d’amour à Luise, artiste peintre et la compagne de sa vie. La narratrice décrit bien quelques legs, tels que le plan pour retrouver son coin de morilles ou la clé de la cache qui abrite quelques bouteilles des crus favoris de sa compagne ; on savoure sa description de toutes les horreurs qui tomberont sur ceux qui ne respectent pas ses dernières volontés. Cependant ce testament est surtout l’occasion de revenir sur leurs souvenirs communs (et quels souvenirs !) : des « jactances » pour se faire de l’argent comme ce braquage psychologique ou le séjour chez une comtesse qui finit en vol de voiture et carte bleue ou bien encore une scène de sexe sur la banquette arrière d’un bus lancé à fond de train et décrit comme un parcours de golf !
Pendant la première moitié du livre l’écriture est foisonnante, émaillée de mots étrangers ou d’ancien français, le récit brille de mille feux et le rythme est endiablé.
Puis, on bascule dans le règne des « petits peuples » (brownies, pixies et nains…) et étrangement la magie se perd, l’écriture est plus terne et le rythme retombe. L’imaginaire créatif de Céline Minard était truculent dans le monde réel, il devient fade dans un monde qu’un Tolkien ou un Timothée de Fombelle rend enchanteur, dommage ! La déception est d’autant plus grande. Il nous reste cependant la jubilation de la première partie.
So long, Luise de Céline Minard publié aux éditions Denoël.
Chronique rédigée par Hélène Beteau.