Retour sur le club-lecture de la médiathèque de Bourges et nouvelles propositions de lecture


En ce samedi 18 décembre, nous avons mis le cap sur des contrées mythiques, en suivant deux parcours littéraires bien différents.

La Russie tout d’abord, avec Philippe Rousseau, que la médiathèque recevait quelques jours plus tôt pour présenter son récit de voyage Passeport pour une Russie. En proposant cette lecture, Brigitte offrait l’occasion d’ouvrir un débat contrasté autour d’un livre original par son approche et son style. Voyage qui s’est poursuivi en musique avec  Rémi, notre collègue discothécaire, qui nous avait soigneusement concocté un florilège de chansons russes.

Autre destination : l’Amérique, avec  la proposition de Fabrice pour un premier roman, Le Retour de Jim Lamar, signé Lionel Salaün, un auteur passionné, dont on risque d’entendre parler bientôt …

Russie(4)Passeport pour une Russie, mes pas captent le vent.

Philippe Rousseau, Elytis, 2010. 

Est-ce que parce qu’ils s’attendaient à trouver un guide de voyage, un livre-documentaire sur la Russie en ouvrant ce livre, que certains lecteurs ont été déroutés par celui-ci ? En tout cas, il a déclenché des remarques contrastées qui ont enrichi le débat. 

Retenons les critiques des lecteurs les plus enthousiastes qui ont vu dans ce petit livre proposé par Brigitte, une invitation au voyage sur un mode personnel, original et accessible, impressionniste aussi. 

Enthousiasme déjà ressenti pour certains, à la lecture à voix haute de certains passages, par l’auteur lui-même, invité quelques jours auparavant  à la médiathèque.

« J’aime  le rapport entre le texte et l’image, je le trouve au service de ce que l’auteur a voulu faire passer »  a remarqué une lectrice. Les clichés photographiques posés au fil des pages rythment le texte en chapitres courts. Instantanés qui captent l’éphémère, s’arrêtent sur un détail, glissent sur des paysages en fuite. Un climat évoqué, propre au carnet de voyage, qui navigue entre l’intime et l’universel.

 « Je me suis laissée porter dès les premiers mots » déclare une lectrice.  Les mots viennent, seuls ou en cascade, ouvrent la marche. Un monologue cadencé s’engage. L’immersion dans le transsibérien peut alors se faire, les images défilent comme les paysages. Le monologue silencieux bâti sur une écriture simple nous conduit sur les pas « qui captent le vent », au rythme des hasards ou des enchainements d’images.

Telle une éponge, l’auteur retranscrit ce qu’il voit, évite les qualificatifs trop subjectifs et l’interprétation. Il joue de la langue qui se fait musicale. Une poésie de l’errance où l’adjectif  dit l’essentiel, l’adverbe se fait rare.  Une langue imagée et qui sonne.

Fussent-ils futiles mes vers, les cils du loup habitent le ciel […]

 Je m’endors. Le noir se lève. Il implore les mots […]

Les sons se patatent dans mon oreille […]

Je file l’attente […]

* * *

jimlamar(1)Le retour de Jim Lamar, Lionel Salaün, Liana Levi, 2010.

Du plaisir partagé par celles et ceux qui ont pu lire ce premier livre prometteur de Lionel Salaün, le coup de cœur de Fabrice.

Quelques épithètes recueillis au fil du débat pour qualifier le roman : « beau, captivant, bouleversant, vrai, percutant,  émouvant… » Vous en voulez encore ?

Un ton qui sonne juste, servi par une écriture nerveuse. Pas de temps mort dans ce récit qui nous tient en haleine jusqu’au bout et que beaucoup ont lu d’une traite. 

Lionel Salaün, auteur français passionné de l’Amérique, (mais qui n’y a encore jamais mis les pieds !), en fait un portrait très crédible. A travers les traumatismes causés par la guerre du Vietnam et la naissance d’une amitié intergénérationnelle entre Jim et Billy, ce sont différents visages de l’Amérique qui se dessinent.

En retournant au pays, Jim pose un regard extérieur sur celui-ci. L’Amérique profonde se révèle alors, rude et fermée.

Un monde d’adultes dans lequel va vite grandir Billy, trop vite. A travers son regard de jeune adolescent c’est toute la violence de la guerre du Vietnam que nous percevons, mais l’on y voit aussi une lumière d’espoir avec l’arrivée de Jim dans sa vie. Espoir qui illumine le roman.  

* * *

LES PROPOSITIONS DE LECTURE POUR LE 22 JANVIER

Chabas

J’irai au pays des licornes, Jean-François Chabas, L’Ecole des loisirs, 2009, roman, 180 p. Présentation de l’éditeur – Parfois, la nuit, je n’arrive pas à dormir. À cause d’une dent cassée, des hématomes, de la peur. Avant, dans la rue, ou au foyer d’État, il fallait se défendre et se battre ou se cacher. Ici, au camp d’entraînement, je mange à ma faim. Je ne suis pas seul. Il y a Guimbarde, Oleksandr, Aaron qui ne ment jamais, dont j’admire la fierté. Il y a même une fille, Alina, qui est peut-être la plus courageuse de nous tous. Le week-end, des riches désœuvrés font trois cents kilomètres pour venir nous voir. Pour voir des enfants pratiquer le MMA, le combat ultime, un cocktail de tous les arts martiaux et de tous les sports de lutte. Quand le sommeil ne vient pas, j’appelle mes licornes. Celles dont ma mère me racontait l’histoire. Elles sont belles, blanches et caressantes. Un jour, j’irai les rejoindre.

 

Le testament d’Olympe, Chantal Thomas, Seuil, 2010, roman, 304 p.   

THOMASPrésentation de l’éditeur – Nous sommes au milieu du XVIIIe siècle, sous le règne de Louis XV. Deux soeurs, Apolline et Ursule, sont les héroïnes de ce livre. Elles sont nées à Bordeaux, dans un milieu très religieux. Le père, adepte de la Providence, s’adonne avec délice au bonheur de ne rien faire. La mère est en prières. La famille s’enfonce dans la misère. Ce dont Apolline, en disciple de son père, s’aperçoit à peine, tandis que l’aînée, Ursule, ambitieuse et libre, n’a qu’une envie : s’enfuir. Bientôt, les deux jeunes filles se perdent de vue. Apolline est mise dans un couvent, puis devient préceptrice. Elle en sort quelques années plus tard pour retrouver sa soeur mourante, et découvrir dans un manuscrit le récit de ses aventures. Ursule, rebaptisée Olympe, a réussi à se faire emmener à Paris par le duc de Richelieu. Elle rêve de faire carrière au théâtre, mais son protecteur a d’autres plans. Fournisseur royal attitré en matière de plaisir, il offre Olympe à Louis XV. Olympe, aimée par Louis XV, est rongée par le désir de s’imposer face à Mme de Pompadour. Devenue mère, elle croit triompher. Mais, avec la soudaineté des alternances de faveur et défaveur, elle perd tout. On l’exile et la marie de force en province et lorsqu’elle revient à Paris pour dénoncer la violence de son sort, elle est arrêtée et envoyée à l’Hôpital. Ce portrait de deux soeurs qui font des choix opposés, s’en remettre à la Providence, ou miser sur l’intrigue, est l’occasion de raconter un monde dominé par l’étrange duo que forment le duc de Richelieu, le plus célèbre libertin de son siècle, et le roi Louis XV, habité par le goût de la mort, le désir des femmes, et le sens du péché. Les jeux du pouvoir sont imprévisibles, et il est bien hasardeux de vouloir défier son destin.

 

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