Les journées du livre de jeunesse organisées par l’association Lire aux Eclats m’ont donné l’opportunité de rencontrer l’auteure-illustratrice Sara qui était l’un des auteurs invités. Sara a bien voulu m’accorder cet entretien pour Chermedia.
DL : Sara, pourriez-vous évoquer votre parcours pour CherMedia ?
S : Enfant, j’ai toujours dessiné, et j’ai eu la chance de pouvoir suivre des cours de peinture, ce qui comptait beaucoup pour moi. Professionnellement, j’ai travaillé dans la presse, et suis venue par hasard il y a une quinzaine d’années de cela à l’illustration d’albums.
DL : Comment cela s’est-il produit ?
Un jour, je me suis retrouvée ponctuellement à court de matériel de peinture, et j’ai eu recours à ce que j’avais sous la main, c’était des papiers que j’ai commencé à déchirer… Des amis ont vu ce que j’avais créé, m’ont incité à le montrer à un éditeur, et c’est comme ça que j’ai débuté comme auteure illustratrice d’albums édités pour la jeunesse.
DL : Sara, pourriez-vous nous indiquer d’où vient votre nom ?
S : C’est le nom que je me suis donné après la mort de mon frère qui était mon compagnon d’imagination.
DL : Quelles ont été vos influences en matière d’élaboration de votre rapport à la création ?
S : le cinéma, et plus particulièrement le cinéma muet, par rapport au langage cinématographique ; la peinture (la période de la Renaissance, les estampes japonaises, …) ; la photographie d’une manière générale (Raymond Dityvon, …). En fait, l’univers de l’image a toujours été très important pour moi.
DL : de quelle manière vous vient l’inspiration, et comment travaillez-vous ?
S : Je ne pars pas d’un scénario construit au départ, le déroulé de l’histoire vient petit à petit. Mes albums s’élaborent à partir d’une imprégnation de sentiments et d’ émotions, de différentes atmosphères, avec en plus le travail sur la matière, c’est à dire toutes sortes de papiers.
DL : avez-vous déjà illustré des livres dits « pour adultes » ? Si non, pourquoi ?
S : non, car les images ne sont pas prévues pour les adultes la plupart du temps dans les rayons de livres (sauf la BD qui a réussi à s’imposer). A part le livre réalisé avec Valérie Dayre, Enchaîné, et Les Métamorphoses d’Ovide, je n’illustre pas des textes, mais plutôt raconte en images seules pour beaucoup de mes albums, et quand il y a du texte c’est moi qui l’écris et c’est un point de vue d’un des protagonistes de l’histoire.
DL : certains de vos livres s’adressent aussi bien à des adultes qu’à des enfants. Ils ne sont donc pas destinés à un l’un ou l’autre de ces lectorats en particulier ?
S : en effet. La mention « pour adultes » ou « pour la jeunesse » n’est pas significative à mes yeux. Je suis très contente d’avoir des enfants pour lecteurs mais j’ai aussi des adultes. Mes albums peuvent être regardés, « lus » par les uns comme par les autres.
DL : quelle place la peinture tient-elle dans votre travail ?
S : une place à part. Quand je vends un tableau, c’est uniquement à des personnes avec qui s’est instauré une relation particulière. Sinon, les originaux de mes illustrations d’albums sont vendus à des bibiothèques ou à des musées, comme le Centre de l’Illustration de Moulins.
DL : dans vos albums, les illustrations le plus souvent sans paroles invitent le lecteur à exercer sa liberté d’imagination et à créer sa propre interprétation en faisant appel à sa sensibilité. On retrouve certains thèmes et personnages récurrents. La question de la solitude, de la rencontre avec l’autre,… Il est frappant de voir à quel point vous parvenez à animer les animaux que vous représentez, qui semblent dotés d’une vie propre, s’exprimant à travers l’intensité de leur regard.
S : Dans l’édition pour enfants, il y a deux grandes manières de parler des animaux : soit ils représentent des humains sous la forme d’un animal, soit ils sont mis en scène pour ce qu’ils sont, des animaux. c’est la deuxième que j’utilise. Quant au thème de la rencontre de l’autre, c’est en effet quelque chose de tout à fait essentiel pour moi.
DL : Quels sont les auteurs, les oeuvres que vous aimez particulièrement ?
S : Les mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand, La bête dans la jungle d’Henri James, La Chartreuse de Parme de Stendhal, les romans d’Hubert Mingarelli, les auteurs asiatiques, …
DL : et comme auteurs « jeunesse » ?
S : Ceux qui ont comme démarche de mettre leur technique au service du sens, comme par exemple Léo Lionni et Rascal. Et bien sûr, François Place ou Yvan Pommaux. Ou encore le Japonais Akaba.
DL : Vous allez au devant de vos lecteurs dans le cadre de salons, ateliers, etc… Quel type de rencontre appréciez-vous le plus ?
S : les rencontres longuement préparées et qui durent longtemps ! Comme les ateliers avec les enfants qui s’étalent sur plusieurs jours : cela permet de rendre la rencontre beaucoup plus enrichissante, car cela laisse le temps d’approfondir les choses.
DL : Sara, quels sont vos projets ?
S :en 2009, diverses expositions sont prévues, et deux albums seront publiés. Tout d’abord Ce type est un vautour illustré par Bruno Heitz, dont j’ai écrit le texte, qui paraîtra en février chez Casterman. Puis, en mars, l’album intitulé Nu dont j’ai créé à la fois les images et le texte sortira aux éditions du Seuil.
DL : des parutions dont nous guetterons la sortie avec impatience ! Merci Sara.
Bien ecrit de ta part, sans dictaphone ,a main levée,sans camera,chapeau.