Petite sélection et coups de coeur côté BD ados-adultes :
1°) « La Ballade de Hambone » des italiens Leila Marzocchi et Igort (Futuropolis, 2009) :
nous sommes dans le comté du Mississippi, dans les années 1920-1930.
La petite ville de Hazelhurst comprend 2027 âmes et un vague chien pelé. Cette ville suinte le blues. Le long du Mississippi, la dépression rythme la vie de tous les jours, « aussi douce qu’un coup de pied au cul ». Ce n’est pas par hasard que quelques années plus tôt, le grand bluesman Robert Johnson y soit né…
Par une chaude journée de juin, poussiéreuse, moite, odorante, deux individus inquiétants débarquent de la camionnette d’un fossoyeur : Bull Rockwell et Elmer Turpin. À individus louches, affaires louches. Leur présence n’est pas due au hasard. Ils ont rendez-vous avec Mister Black… Pour un règlement de compte… Une sublime palette de tons sépia, marron, gris et noir et un graphisme original, avec une histoire musicale et sociale qui rappellerait une autre BD superbe et encensée par la critique spécialisée : « Le rêve de Meteor Slim » de Frantz Duchazeau (Sarbacane, 2008).
2°) « Le Goût du chlore » du français Bastien Vivès (Casterman, 2008. – coll. KSTR) : petit clin d’oeil spécial à Stéphanie de la Guerche-sur-l’Aubois qui m’a chaudement recommandé cette acquisition lors d’une journée Chermédia !!! Merci du conseil et bravo pour votre blog de la BM découvert par hasard ici :)… Parce que son kinésithérapeute le lui a fortement conseillé pour soigner sa scoliose, un jeune homme s’est décidé à fréquenter la piscine de son quartier. La motivation n’y était pas trop, au départ : nager « au milieu des vieux », c’était pas son truc !
Un jour, une fille a attiré l’attention du garçon. Elle nageait très bien. Voilà qui faisait un sujet pour entamer une conversation avec elle. Puis, de mercredi en mercredi a germé entre elle et lui une amitié de circonstance qui s’est muée pour le garçon en un rendez-vous hebdomadaire à ne pas manquer…
Bastien Vivès nous régale de cette « période bleue » qui se lit trop vite (son seul défaut)…
3°) « Exit Wounds » de l’israélienne Rutu Modan (Actes sud BD, 2007) : à Tel Aviv, Nomi, surnommée « la Girafe » à la caserne où elle effectue son service militaire, annonce au jeune Kobi, chauffeur de taxi, que l’une des victimes non identifiées d’un attentat pourrait être son père. Une bande dessinée toute en subtilité où s’esquisse la complexité des relations humaines sur fond d’attentats kamikazes…
À travers la quête incertaine mais opiniâtre dans laquelle se lancent, chacun à sa façon, les deux jeunes gens, c’est toute la nouvelle société israélienne, iconoclaste, abandonnée désormais par ses pères fondateurs qui est passée en revue.
Une quête effrénée contre la disparition inadmissible, infâme, contre la fatalité.
Ce récit de Rutu Modan, comme le portrait intime d’un pays fragile, tiraillé entre deux réalités qui s’affrontent, que tout oppose et qui pourtant, au-delà de ses clivages internes fait toujours le choix en dernier lieu, de l’espoir… Ce roman graphique à la ligne claire a obtenu le Prix France-Info 2008 de la Bande dessinée d’actualité et de reportage (il le mérite amplement).
A découvrir sans délai pour les bédéphiles éclairés, sans oublier – dans un tout autre style, plus humoristique cette fois – la série récemment acquise des « Jean-Claude Tergal » de Didier Tronchet (tomes 1 et 2) et bien entendu la désormais incontournable « Marie en plastique » (du tandem Pascal Rabaté-David Prudhomme) déjà présentée ici !