Une couverture illustrée de roses anglaises surannées… Un œil de voyeur… Vert pastel et rose saumon… Mais c’est, bien sûr, le dernier opus d’Alan Bennett ! (Je vous avais déjà parlé de son précédent roman « La Reine des lectrices »)
Et ça commence très fort :
« Je suppose que vous êtes ma femme, dit l’homme dans la salle d’attente. Je ne crois pas que nous ayons eu l’honneur d’être présentés.
La quarantaine bien tassée, il était plutôt maigre et avait les jambes nues. Mrs Donaldson le soupçonnait de n’être guère plus vêtu sous sa blouse d’hôpital ultra-courte… »
Mais qu’allait faire cette pauvre Mrs Donaldson dans cette galère ? Après la mort de son mari, il lui faut subvenir à ses besoins, et chambouler cette vie trop ordinaire. C’est décidé, elle sera fausse-patiente pour les étudiants en médecine sous la conduite éclairée du docteur Ballantyne et elle louera l’une des chambres de sa maison si délicieusement cosy… A des étudiants désargentés qui trouveront un mode de paiement de leur loyer tout à fait inconvenant.
Mrs Forbes, elle-aussi femme respectable, est l’une des protagonistes de la deuxième nouvelle. Mère accomplie, on lui cache tout ce que la conduite de son brillant rejeton peut avoir de divergent : entre une belle-fille surdouée dissimulée et manipulatrice, un fils dont le « coming out » n’est même pas envisageable, un policier dont on ne sait s’il préfère les hommes ou les femmes, un mari qui, grâce à la découverte d’Internet, se lance dans des relations dévergondées du côté des îles Samoa… Elle restera, superbe et magnifique, dans son ignorance tandis que ses proches garderont farouchement leurs petits et grands secrets !
So shocking ? Pas vraiment ! Surtout malicieux et caustique sans jamais sombrer dans la vulgarité malgré des situations vaudevillesques qui grattouillent la très chic « middle-class » britannique ! Et il s’en passent de drôles de choses derrière ces façades si tranquilles…