Je conseillerais trois films majeurs – en dehors du film le plus connu qu’il ait réalisé, à savoir (The) « Elephant Man » – parmi ses plus angoissants :
– « Blue Velvet » (1987) : l’histoire d’un jeune homme un peu trop curieux et voyeur sur les bords (Kyle MacLachlan), qui mène sa petite enquête, après la découverte non loin de chez lui d’une oreille humaine, surla vie privée d’une mystérieuse chanteuse (Isabella Rossellini qui partagea un temps la vie de Lynch), soumise à un dangereux pervers psychopathe (Dennis Hopper)… Ce film déconseillé aux – 16 ans (comme les suivants d’ailleurs) a obtenu le Grand Prix du Festival du Film fantastique d’Avoriaz lors de sa sortie.
– « Lost Highway » (1996) : un jeune couple (joué par Patricia Arquette et Bill Pullman) reçoit chaque matin, avec le courrier du jour, une mystérieuse cassette vidéo, montrant d’abord des vues extérieures de leur maison, puis peu à peu des scènes intérieures intimes…
– « Mulholland Drive » (2001) : une jolie actrice (sublime Laura Harring) perd la mémoire suite à un accident de voiture sur la corniche des hauteurs de Los Angeles, elle se réfugie chez une jeune actrice débutante (Naomi Watts), qui va l’aider à mener l’enquête sur sa vie antérieure…
Ce film a obtenu 2 récompenses : Grand Prix de la Mise en scène au Festival de Cannes 2001 et César du Meilleur film étranger 2002… Plus qu’un simple thriller psychanalytique, ce film est à lui seul une véritable leçon de cinéma, où Lynch ne nous dit pas autre chose que ceci : les émotions du spectateur (comme dans la scène-culte du « Club Silencio ») peuvent naître de rien ou presque, à savoir une « illusion », un simple décor de carton-pâte (il s’est aussi sans doute autodécrit à travers le rôle du jeune réalisateur – ici joué par l’acteur Justin Théroux – en conflit avec la production, véritable mafia hollywodienne décrite avec beaucoup d’humour noir !)… Après avoir vu ce chef-d’oeuvre 7 ou 8 fois afin d’essayer d’imbriquer les divers éléments du puzzle et tenter une interprétation, j’avoue que je n’arrive toujours pas à y trouver une logique cartésienne (à part le fait que les deux actrices ne feraient finalement qu’une, à travers un subtil dédoublement de personnalité ? C’est aussi le cas de Patricia Arquette qui joue deux rôles différents dans « Lost Highway », une fois blonde, l’autre fois brune), mais quel bonheur, quelle ambiance !
Le dernier David Lynch sorti en France, « Inland Empire » (2007, 2H52 min. !), est apparemment toujours dans la même veine fantastico-morbide que les trois précédents films cités, et là encore les critiques sont partagées, on adhère ou pas à son univers, mais l’important ici, hors de toute compréhension du scénario, réside dans l’ambiance si particulière qui met délicieusement mal à l’aise le spectateur…
Certaines images de Lynch (sans oublier la musique très adaptée du compositeur Angelo Badalamenti comme sur « Mulholland Drive ») sont indélébiles dans notre cerveau, et c’est aussi cela qui fait la force de ce réalisateur, qui ne laisse nullement indifférent, tout comme son modèle et homologue Kubrick (ex. « Orange mécanique » / « Clockwork Orange », voire « Shining » ou encore « Eyes Wide Shut »).
Pour plus d’informations sur le cinéaste, voici un site francophone non-officiel mais intéressant par sa partialité :
http://www.davidlynch.ifrance.com