Tombé hors du temps. David Grossman. Edition Seuil.
Traduit de l’hébreu par Emmanuel Moses.
Parce que la mort d’un enfant est intolérable, parce que 5 ans après la mort de son fils la blessure reste vive et que l’on sait que jamais elle ne se refermera, alors David Grossman écrit un récit où il nous entraine pour nous dire cet indiscible, la ténacité du chagrin, l’incrédulité, l’inacceptable, et avec lui dans cette écriture quasi halllucinatoire on se sent comme le funambule sur son fil au dessus du vide.
Ecriture surprenante, comme l’enfant qui commence à marcher, de ceux qui se précipitent en avant, portés uniquement par le mouvement.
Le geste , celui juste avant l’équilibre, ce mouvement de bascule en avant, voilà comment le livre de Grossman se lit entre le gouffre, le vide et la recherche d’un fil sur lequel tenir. Dans ce texte on est en apnée presque tout le temps, on retient même son souffle dans certains passages.
A la fois dense et limpide, ce récit bouleverse parce que l’on rejoint, le temps d’un instant, le peuple des « sans noms » ce sont ceux qui ont perdu un enfant.
La magie opère, durant un instant Grossman rejoint les enfants.
En tout cas, même si le sujet est dur, ce joli texte donne envie de lire cet ouvrage.
A lire d’urgence ?