Un rituel toujours respecté. Deux panneaux d’interdiction de stationner encadrent un large emplacement devant cette ancienne échoppe, rue de la Camuze. Place réservée. Aujourd’hui le bibliobus est attendu.
A l’intérieur, l’équipe s’affaire. Huit bénévoles. Un seul homme. Sept retraités. Depuis quelques jours déjà ils rassemblent les documents qui seront échangés dans le bibliobus.
Je fais le tour de la bibliothèque et salue chacunes et chacun.
Je n’étais pas revenue à Sancergues depuis l’agrandissement, c’est à présent exceptionnel que je fasse des tournées; ce jour là je remplace Martine.
Tout juste suffisant le nouvel espace, les livres commencent déjà à envahir le petit couloir qui sépare les espaces « adulte » et « jeunesse », sur des étagères fixées au mur toute une collection reliée cuir inaccessible rappelle une bibliothèque personnelle.
Sur les trétaux provisoires installés à l’entrée, livres et CD sont empilés. Jean-Pierre branche le portable et commence à enregistrer les retours.
Les bibliothécaires de Sancergues sont déjà dans le bibliobus qui tangue un peu tant que chacun n’a pas stabilisé sa place !
Les allers-retours bras chargés de livres commencent, dans le sens BM ? bibliobus.
Autant à l’arrivée les mots fusaient de tout côté, c’est à présent dans le silence que chacun s’affaire feuillette survole quelques lignes choisit incline compte.
C’est une équipe autonome et bien rôdée qui ne m’a jamais demandé conseil pendant le choix de livres, je respecte. Par contre, exigeante sur ce qui est proposé dans le bus. La veille, j’avais passé 2 heures et c’est à peine suffisant, à combler les « trous », enlever des vieilleries sans caractère ou visiblement abîmées, remplacer le tout par des nouveautés, essentiellement en « jeunesse ». C’est un peu là aussi que les bibliothécaires de la DLP s’immiscent dicrètement, glissent textes et musiques qu’ils estiment, livres et disques qui plaieront aux membres de l’équipe et à leurs lecteurs connus à travers eux seuls.
Après deux heures environ le choix est terminé. L’équipe de Sancergues réapparaît progressivement dans la bibliothèque. Une pose thé – café – gâteaux bienvenue permet de discuter avec tous. Alors Roger, vous avez initié vos collègues à CherMédia ? Où je découvre que le vieil ordinateur de la BM est connecté à l’Internet en bas débit, alors comment voulez-vous faire ! Joëlle la postière est aussi blogueuse, mais veut rester cachée, c’est son choix rien à dire.
Maintenant les rôles et les trajets s’inversent. A Jean-Pierre les allers-retours bibliobus ? BM tandis que j’enregistre les prêts. Plaisir quand les livres intégrés la veille sont choisis, Pays de René Char, Un millions de papillons, Jeux étranges, Neige; étonnement devant certains choix qui me semblent audacieux, El Duke de Enrique Medina, étal de boucher godillot et souris en couverture; il y a Le vacillement du monde de Alain Nadeau, La sorcière de Marie N’Diaye, et Patrick Poivre D’Arvor Les loups et la bergerie; L’homme qui plantait des arbres de Jean Giono et Le retour du chat assassin de Anne Fine; ah il n’y a pas Nirvana et Joëlle qui choisit les disques est déçue… un lecteur veut lire les auteurs anglo saxon en version originale, et pas un 823 dans le bus…promis Jean-Pierre s’en occupe dès notre retour DLP, c’est lui aussi les réservations ! J’enregistre les demandes, les critiques quand il y en a mais pas aujourd’hui, les documents. L’ordre des piles conditionne leur futur ragement, je me concentre car selon qui amène la pile il faut reposer couverture dessus ou couverture dessous, de quoi perdre la tête par moment !
Vers 12h fini. Chacun range dans son espace, l’équipe de Sancergues sa bibliothèque, je rejoins Jean-Pierre dans le bibliobus encore quelques romans à classer. Au revoir, le bibliobus repassera dans 6 mois, à bientôt à la DLP pour les formations, les réunions, et CherMédia. Direction le resto pour nous, rendez-vous avec un autre duo bibliobus en tournée dans le secteur. C’est un moment agréable, se retrouver collègues autour d’une table et échanger hors contexte strictement professionnel, on parle pas seulement mais aussi boulot, et différemment.
Encore un arrêt, plus court, mairie de Gardefort. J’aide un peu la secrétaire, elle me demande juste des polars qui saignent mais pas Meurtre sur la lande qu’elle a déjà eut, tant pis pour Rouletabille et Pepe Carvalho le gastronome, et j’ai pas Train d’enfer pour ange rouge sous la main, dommage. Elle est d’humeur à rire la secrétaire, Monsieur le Maire étudie l’implantation d’habitations sur sa commune, heureusement qu’il y a encore le bibliobus qui nous amène un peu de livres dit la secrétaire. Qui sait, peut-être un jour une vraie bibliothèque verra le jour ici, c’est toujours bon de rêver.
D’ici une heure nous serons rentrés. Tu vas bien dormir ce soir me dit Jean-Pierre, t’as pas arrêté de courir ! Il avait raison, j’ai dormi comme un loir !
quel chemin en si peu de semaines, ça c’est du web de terrain ! amicalement – F
Bravo, c’est réellement comme cela que ça se passe
Ton attention à CherMédia est très précieuse, François.
Le chemin parcouru, il doit aussi beaucoup à la fréquentation de ton site, que j’utilise quasi comme initiation à l’écriture, découverte et redécouverte de la Littérature. Et j’espère que le premier usage n’est pas un détournement de ton projet !
Amitié @ toi, Kathie