Passeurs de poèmes : le choix de Nino 2


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photo Michel Zoladz

Travail

 

Un grand soleil noir tourne sur la vallée

Cheminées muettes – portails vérouillés

Wagons immobiles – tours abandonnés

Plus de flamme orange dans le ciel mouillé

On dirait – la nuit et de vieux châteaux forts

Bouffés par les ronces – le gel et la mort

Un grand vent glacial fait grincer les dents

Monstre de métal qui va dérivant

J’ai passé ma vie là – dans ce laminoir

Mes poumons – mon sang et mes colères noires

Horizons barrés là – les soleils très rares

Comme une tranchée rouge saignée rouge saignée sur l’espoir

On dirait – le soir  » des navires de guerre »

Battus par les vagues – rongés par la mer

Tombés sur le flan – giflés des marées

Vaincus par l’argent – les monstres d’acier

J’me tuais à produire

Pour gagner des clous

C’est moi qui délire

Ou qui devient fou

J’peux plus exister là

J’peux plus habiter là

Je sers plus à rien – moi

Y’a plus rien à faire

Je voudrais travailler encore –

Forger l’acier rouge avec mes mains d’or

 

Lavilliers


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2 commentaires sur “Passeurs de poèmes : le choix de Nino