Pas pleurer / Lydie Salvayre / Seuil 2015
Montse a 15 ans dans l‘Espagne convulsive de 1936. Montse est la mère de l’auteur(e). Dans son français « bancal », plein d’ironie et de gauloiseries indignes de la vieille dame qu’elle est devenue, elle raconte à sa fille les semaines lumineuses et amoureuses qu’elle a vécues, elle la petite paysanne, dans la grande ville aux mains de la FAI et de la CNT. Elle » a le sentiment de découvrir… la vie qu’on lui avait cachée. Et elle s’y jette. Et elle s’y ébroue. Et c’est une joie pure ».
La même année, Georges Bernanos, installé à Majorque, est le témoin horrifié de la répression sauvage qui frappe le petit peuple en révolte contre un ordre féodal. La bénédiction des tueurs franquistes par l’église toute puissante le scandalise. Devant l’écrivain catholique s’étalait « cette saloperie des hommes lorsque le fanatisme les tient et les ensauvage jusqu’à les mener aux pires abjections ». Il rassemblera les écrits de cette époque dans « Les grands cimetières sous la lune ».
Lydie Salvayre dépeint dans son style très libre, grave ou primesautier, voire échevelé lorsqu’elle fait parler sa mère, une Espagne moyenâgeuse ou règnent grands propriétaires terriens et princes de l’église sur une paysannerie à peine sortie du servage.
Parce qu’il parle d’obscurantisme, d’intolérance et de fanatisme, cet ouvrage est d’une actualité brûlante.
Parce qu’il parle d’amour, de jeunesse et d’espoir dans une vie plus juste et plus fraternelle, il est de tous les temps.