Lectures et voix


Projet de création d’ateliers de recherche et de pratique de la lecture à voix haute dirigés par
Olivier Bordaçarre
(écrivain, metteur en scène, comédien)

Public concerné : bibliothécaires, enseignants, comédiens, et tout lecteur intéressé…

Ecrire, c’est quoi ?
Au-delà de la narration, de l’histoire-prétexte, de la création de personnages, que fait l’écrivain ? Il travaille un style (élaboration, échafaudage, construction, alimentation d’une langue). Pour reprendre les termes du philosophe Gilles Deleuze, un style, c’est deux choses :
1 – faire subir à la langue un traitement syntaxique, grammatical, musical et sonore, rythmique
2 – atteindre ce que Proust appelait la langue étrangère à l’intérieur même de sa propre langue

OB

Nombre d’écrivains pratiquent la lecture à voix haute en écrivant, en relisant, en modifiant.
Lire à voix haute, c’est marcher sur les traces de l’écrivain, sur les lignes mélodiques qu’il a créées. Ces lignes sont multiples à l’intérieur d’une même œuvre. Mélodie de la narration, mélodie des monologues de personnages, mélodie des dialogues…
Lire à voix haute, c’est entrer dans l’univers sonore de l’écrivain. C’est, à l’instar de l’interprète d’une œuvre musicale, déchiffrer la partition écrite en mots, jouer des silences, des nappes de notes, des syncopes, des respirations et des soupirs. C’est proposer une interprétation, la plus juste possible, de ce que l’auteur a tenté de dessiner : des états de personnages, des pensées, des mondes, des sensations… tout ce qui peut affecter la sensibilité du lecteur et la sensibilité de l’auditeur. C’est à travers les affections du lecteur que l’auditeur perçoit plus ou moins précisément ce qu’il y a d’étranger (d’étrange) dans la langue de l’auteur : la musique propre de chaque personnage ; le rythme de la narration, ses brisures, ses courbes, sa sensualité, sa brutalité. C’est en pénétrant ou en étant pénétré par cette étrangeté que l’auditeur peut percevoir la vérité des rapports entre les personnages, leurs objectifs propres, leurs fêlures, leur profondeur philosophique au travers même de leurs superficialités. C’est cette profondeur étrange qui traduit les sensations. Les gammes colorées qu’utilise l’écrivain pour décrire des conflits, des joies et des angoisses, des pensées de personnages, pour peindre des états, pour traduire les évolutions des acteurs de l’histoire, leur devenir, leurs choix, le rapport qui les lie aux autres, aux lieux, au temps, au champ historique, politique, toutes ces couleurs deviennent audibles dans la voix du lecteur. La voix ne trahit la langue que quand elle se place en observatrice de l’étrangeté, en juge malgré elle, en-dessous ou à côté, quand elle ne fait qu’accompagner une musique déjà créée et qui ne nécessite par là aucun accompagnement, aucun soulignage. La musique de l’écrivain ne peut vivre que par elle-même dans la voix du lecteur. C’est l’écrivain qui propose un jeu. Le lecteur joue à ce jeu. Les règles sont simples : être dedans. Dans la musique, dans les couleurs, dans les rythmes, dans les états et les sensations. Lire en bleu, lire en syncopes, lire en percussions, lire nerveux, lire sensuel, lire la cicatrice de tel ou tel personnage (est-elle fermée ? ouverte ? purulente ? sèche ?).
Prêter sa voix à l’auteur, c’est, humblement, tenter de pénétrer sa pensée.
Voilà sommairement l’objectif de ce laboratoire de lecture à voix haute : s’inviter dans les mondes des écrivains.
Mais nous ne manquerons pas de répondre également à d’autres objectifs importants qui régissent les lois de la lecture à voix haute : partager, écouter, découvrir ou redécouvrir le plaisir de lire à d’autres, faire connaître des auteurs, des langues nouvelles, des styles. Attiser le désir de lire, celui d’entendre, celui de se fondre dans l’aventure d’un langage, celui de raconter des histoires.

Proposer ces ateliers dans le cadre feutré des bibliothèques, c’est s’inscrire dans une culture du livre et de la lecture et développer des habitudes. Cela peut paraître suranné, anachronique mais qu’y-a-t-il de plus doux qu’une veillée dans les mots dits ? Retrouver des habitudes perdues mais aussi tenter de sortir le livre de son musée, de son carcan intellectuel, de ce qui l’enserre dans des lieux secrets, spécialisés, dépopularisés.
C’est pourquoi nous proposons, en guise de retranscription d’un travail collectif, de diffusion de ces recherches et de leurs résultats, toujours provisoires, des rendez-vous au public non-lecteur dans les bibliothèques et aussi en-dehors.
Après une période de recherche, de travail, de jeu, les acteurs-lecteurs proposeront, collectivement, des rencontres aux publics des bibliothèques mais également dans des lieux originaux, insolites, à priori peu adaptés à ce type d’évènements : places, cafés, établissements scolaires, librairies, salles culturelles de petites communes, hôpitaux, restaurants…
Lors de ces rendez-vous, des œuvres seront lues, dans leur intégralité ou par fragments, à une voix ou à plusieurs, en solo ou en chœur. La rencontre avec le public ne s’arrêtera pas à la consommation simple d’une lecture à haute voix. Elle prendra corps également dans l’échange entre public et lecteur et pourquoi pas, autant que ce sera possible, entre l’auteur présent, ses lecteurs et le public. Que chacun puisse sentir cet accompagnement mutuel dans l’aventure de la découverte d’un langage.

Les bibliothécaires devront constituer des équipes de lecteurs. Ces lecteurs s’engageront à propager la nouvelle. Puis participeront à ces laboratoires (dix personnes maximum par équipe) qui pourront prendre plusieurs formes dans le temps : des ateliers réguliers (par exemple hebdomadaires sur une période à définir), des stages dont la longueur restera aussi à définir.

Olivier Bordaçarre proposera des supports de lecture qui auront tout loisir d’être enrichis par les propositions des participants (œuvres classiques, œuvres contemporaines, poésies, nouvelles).
On ne parlera pas ici de lecture théâtralisée (nous aurons l’occasion de dire pourquoi) mais de lecture vivante. Vivante parce que la recherche sera menée collectivement, vivante parce que le groupe sera confronté à un groupe d’auditeurs, vivante parce que retranscrivant les états et les sensations de l’auteur et de ces personnages. Vivante parce que toujours placée à un point de jonction où la rencontre a lieu.

public

Les personnes intéressées par ce projet de rencontres et de recherches devront prendre contact avec Olivier Bordaçarre et la compagnie Le Théâtre de L’Olivier. Nous étudierons toutes les possibilités, toutes les propositions et communiquerons les devis.

Vous pouvez joindre Olivier Bordaçarre au 02 48 63 17 80
Ou par écrit : route de St Amand, 18360 Saulzais le potier
Ou par mail : bordacarre (at) wanadoo.fr

Présentation rapide de l’auteur

Olivier Bordaçarre est écrivain, comédien et metteur en scène depuis 1992. Il se forme auprès de Sylvie Haggaï, suit les stages d’Ariane Mnouchkine, Alain Gintzburger, Elisabeth Chailloux, Mario Gonzalez, et se laisse diriger par Anne-Laure Liégeois, Alain Héril, Jacques Frot, Evelyne Fagnen, Kamel Basli. Il joue sur scène les textes d’auteurs tels qu’Adel Hakim, Jean-Claude Grumberg, Pasolini, Danielle Sallenave, Charles Juliet, Pinter, Rimbaud.
Il crée la Compagnie Le Théâtre de l’Olivier en 2000 et entreprend l’écriture de ses propres créations :
. « Souvenirs d’école » (recueil de témoignages d’anciens écoliers (des années 20 aux années 90), écriture des textes et publication dans le Berry Républicain sous forme de feuilleton, création théâtrale et tournée dans le Cher et, entre autres, au festival Les Futurs de l’Ecrit à Noirlac)
. « Qu’est mon néant auprès de la stupeur qui vous attend ? », coproduction Théâtre du Palpitant/Théâtre de L’Olivier, spectacle créé à la Carrosserie Mesnier de Saint Amand (18) en février 2010
. « Alfred et Gâpette » puis « Gâpette et Bouchon », tournée dans en Région Centre et Bourgogne entre 2005 et 2009 (plusieurs dates en 2010).
. « Protégeons les hérissons », nouvelle publiée aux Editions de La Diseuse en 2007, lue dans le cadre des Mille lectures d’Hiver, au Palais Jacques Cœur de Bourges, à la maison George Sand… et plusieurs dates en 2010.
. « Le Matador », nouvelle écrite et lue aux Mille lectures d’Hiver en 2008
. « Confidences nocturnes », texte écrit et mis en scène pour la compagnie Et Nous Itou (2005-2006)

Les projets théâtraux pour 2010-2011 sont la reprise de « Exécuteur 14 » d’Adel Hakim dans une nouvelle mise en scène ; la tournée de « Qu’est mon néant auprès de la stupeur qui vous attend ? », texte écrit pour Caroline de Vial et le théâtre du Palpitant ; un spectacle jeune public en coproduction avec le théâtre de la Carrosserie Mesnier de St Amand-Montrond : « Le petit Chaperon Uf » de Jean-Claude Grumberg ; le projet Mille poèmes au collège Jean Moulin de St Amand ; le projet Aux Arts lycéens sur Oradour sur Glane ; le projet sur le Grand Meaulnes à Epineuil (18).
La Compagnie est implantée depuis 2003 dans la région Centre.

Olivier Bordaçarre est aussi romancier : « Géométrie variable » et « Régime sec », ses deux premiers romans, ont été publiés par les Editions Fayard. Son prochain roman « Fins de Carrières » sortira chez Fayard noir en 2011.
L’activité photographique d’Olivier Bordaçarre est à l’origine d’un projet de livre (Photographies et textes) avec le poète et sexotherapeute Alain Héril. Les premières photographies d’Olivier Bordaçarre sont parues dans le magasine de la FISA (Fédération Internationale de Sophrologie Analytique) et dans le hors-série du magasine Psychologie de juillet 2009.
Un autre projet photographique et poétique est en cours de développement avec Alain Liévaux.

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