Une rencontre avec Douglas Kennedy… 2


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Lors de sa venue en France, à l’invitation des journalistes de Var-Matin, j’ai eu la chance de rencontrer « Douglas Kennedy », de lui poser des questions et partager en toute simplicité, sa passion et son expérience d’écrivain.

En effet, lorsqu’il n’est pas dans sa propriété de Wiscasset face à la mer dans le Maine (Nouvelle Angleterre), Douglas Kennedy parcourt le monde: Dublin, Londres, Boston,New-York, Paris, Berlin…

photo DK var matin

Comment l’inspiration vous vient-elle ?

Quand j’écris j’utilise beaucoup de choses. Je suis comme une éponge. Si vous me racontez quelque chose, faites attention, à l’avenir je vais l’utiliser (rires)… En même temps, j’ai de l’imagination, je n’ai jamais assassiné l’amant de ma femme (rires)… Il faut créer une certaine distance entre soi et ce que l’on écrit… La curiosité est primordiale dans la vie. Il faut vivre ouvert aux autres, rester flexible… J’ai lu : Balzac, Flaubert, Sartre, Graham Greene, Bruce Chatwin… J’aime la musique classique, les séances de cinéma, je suis accroc au jazz, (et au café !) (rires)… je fais du jogging…et je respecte une règle immuable, j’écris cinq cents mots par jour.

Avez-vous des inquiétudes ?

J’écris mes propres inquiétudes et au fil des livres j’ai découvert que la moitié des gens partagent ces inquiétudes.

Les questions fondamentales me fascinent ; Qu’est-ce qu’on veut ? Pourquoi la vie conjugale est-elle si difficile ? Je n’ai pas de réponses… A mon sens la question la plus compliquée est la plus simple. C’est ce qu’on veut… Il n’y a pas de vérité. Tout est interprétation dans un divorce… Qui a tort ? Qui a raison ? Personne !…. Si on ne doute pas, on est G.W. Bush… »

Le hasard est partout dans la vie, impossible d’éviter le hasard. La meilleure amie de ma fille a été victime d’un accident mortel… l’enfance de ma fille est « cassée »… Le hasard est inscrit dans la vie… La vie est un casino génétique… Aux U.S A. on pense que la vie est un grand projet ; je ne suis pas d’accord avec ça. Personne n’évite la « tragédie » dans la vie… Dans toutes les histoires, il y a problème.

Vos romans sont tous très différents, pourquoi ?

Un des objectifs de ma vie d’écrivain est de ne jamais écrire le même roman. J’écris contre les clichés. Il n’y a jamais de thème défini à l’avance ; l’histoire et l’intrigue se tissent au fur et à mesure des pages, la fin évolue selon l’écriture. Pendant six mois j’ai arpenté les quartiers de Paris durant mes nuits d’insomnie : Barbès, Belleville, les quartiers turcs…, pour écrire « la femme du Vème »… J’ai passé trois semaines à Berlin, enquêté sur la « Stasi » pour écrire le roman : « Cet instant là »…

Comment passez-vous d’un livre comme « Au pays de Dieu » à « la femme du Vème » ?

Mon père est catholique, ma mère est juive, c’est une des raisons de la présence de la culpabilité partout dans mes romans (rires…). Moi je suis athée.

Au début des années 1980, un sondage aux Etats-Unis disait que 75% des Américains croyaient en Dieu et 48% aux Anges !… ça c’est tragique ! (rires)… Et en même temps, on a cinq lauréats de prix Nobel chaque année… C’est de la schizophrénie!…

J’ai voulu résister à la tendance « écrivain new-yorkais cynique et acerbe » et rester très ouvert… La foi des autres me fascine, car c’est une raison d’être… et j’écris dans le respect de cette foi…

Dans le roman « au Pays de Dieu » j’ai été fasciné par la foi des Islamistes du Caire…

Quelle est notre raison d’être ici ? C’est fondamental mais je n’ai pas de réponse. Cette question a toujours existé dans la condition humaine. Il faut lire Sophocle ou Eschyle. On ne peut vivre sans spiritualité… En tant qu’écrivain on contrôle le destin des autres sur la page… Sartre a dit « L’enfer c’est les autres ». D’après mon expérience l’enfer c’est soi-même…

Qu’avez-vous pensé de l’adaptation au cinéma de « l’Homme qui voulait vivre sa vie » par Eric Lartiguau ?

J’ai été ravi par ce film… Le réalisateur a gardé l’esprit du roman… Mais j’ai été très déçu par l’adaptation de « la femme du Vème » même si les acteurs « Kristin Scott Thomas et Ethan Hawke » sont très bons. Le cinéma c’est comme le casino pour l’écrivain.

J’ai écrit onze romans dont trois adaptations cinématographiques ; une seule est bonne… Je n’ai pas imaginé vivre dans le monde du cinéma, car tout le monde ment et c’est absurde (rires)… C’est un peu comme coucher avec quelqu’un de sexy et qui est folle ! (rires)…

Quels sont vos projets ?

Le prochain roman sera très intime « Cinq jours ». La narratrice est manipulatrice radio… Son travail consiste à diagnostiquer le cancer… Et contrairement aux apparences, le thème est le bonheur. Il sortira en France en octobre 2013. Celui d’après sera un roman d’aventure plein de menaces et se déroulera au Maroc.

Dédicace DK

Pour conclure Douglas Kennedy se livre.

Il avoue n’écrire jamais pour lui-même mais pour un large public…

Son père voulait qu’il soit avocat ; un vrai cauchemar !… Alors arrivé à Dublin il a écrit sur ce cauchemar (rires)…

La rencontre avec ses lecteurs est essentielle. Il manie l’humour, il est accessible, disponible, d’une très grande gentillesse et spontané. En plus d’être un écrivain de renom, c’est aussi un philosophe.

Un grand merci à Var Matin d’avoir permis cette rencontre.

Avec l’aimable autorisation de Douglas Kennedy et d’Emmanuelle son attachée de presse.

D.R.



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