« La Maison de la plage », un roman graphique de Séverine Vidal et Victor Pinel.


Les maisons, comme les gens ont une histoire. Celle des Trémières n’échappe pas à la règle. Tout comme pour les personnages de cette famille qui s’y réunit chaque été, le temps marque son passage avec ses souvenirs, ses non-dits, ses secrets. Or cette année, le précieux rituel des tablées chaleureuses et des pauses dans le hamac sera peut-être le dernier. Il faut se préparer à vendre la maison. Une douleur de plus pour Julie, enceinte de Thomas, disparu depuis peu dans un accident. 

Peut-on revivre l’insouciance quand un drame survient ? Comment retrouver la douceur de vivre d’un lieu qu’on a choyé pour ça ? Comment entrevoir l’avenir quand le présent bouleverse nos repères ? Qu’est-ce qu’on quitte, qu’est-ce qu’on emporte avec soi ?

Dans cet album graphique, Séverine Vidal nous raconte une histoire où passé et présent s’entremêlent, où un futur est à reconfigurer. Les planches de Victor L. Pinel insufflent une nostalgie douce, vibrant de couleurs légèrement passées couchées en aplats. Le dessin concorde avec le rendu des liens inter familiaux qui se jouent. Complicité, inquiétude, humour, amour, exigence, réconfort, sont autant de sentiments contradictoires qui animent les personnages et les rendent attachants. On rentre dans l’intimité de cette famille ordinaire comme dans une maison qu’on aurait nous-mêmes connue. Malgré les vicissitudes et les drames de chacun, une atmosphère douce règne sur l’ensemble et se fait familière, telle la lumière projetée en taches claires sous les arbres de la cour.

Le message énigmatique fixé sur le papier peint d’une des chambres va insuffler une profondeur au récit. Se pose la question de l’attachement à un lieu, par ce qui s’y est passé à une époque que l’on a pas connue. Devenue allégorique, la maison remplie de souvenirs nous dit la richesse du présent et la nécessité des deuils à accomplir. Une approche pudique et tendre où les secrets des personnages renvoient aux nôtres que l’on porte en soi, qu’on transmet, ou qu’on lâche.

La Maison de la plage, Séverine Vidal et Victor Pinel, éd. Marabout (Marabulles), 2019.

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

23 + = 30