Rentrée littéraire automne 2012 : Swamplandia de Karen Russel (2)


karen-russel1SWAMPLANDIA . Karren Russell. Editions Albin michel. Traduit de l’américain par Valérie Malfoy. Rentrée littéraire 2012

L’histoire de Karen Russel se situe en Floride sur l’île de Swamplandia où vit la famille Bigtree. Propriétaires d’un parc d’attraction visité par de nombreux touristes dont la vedette est la mère. Ilola plonge dans la fosse des alligators et son numéro est le clou du spectacle.

Ces reptilles sont fascinants. Dans ce récit, ils contribuent à cette étrange atmosphère de conte. Le numéro de Madame Bigtree rencontre un immense succès et le parc d’attraction se développe mais voilà rien ne se passe comme prévu, Iloa, pilier de cette petite tribu, meurt d’un cancer laissant la famille désemparée.

Dès lors tout se désagrège, plus personne ne retrouve ses repères, toute cette harmonie s’évapore et la famille face à ce chagrin explose. Cette joyeuse famille, dresseurs d’alligators de pères en fils, composée de personnages hurluberlus, se délite peu à peu.

Petit à petit le parc périclite, criblé de dettes, le père repart sur le continent laissant les enfants seuls sur l’île. Ava, la plus jeune, rêve de reprendre le numéro de sa mère, Kiwi le garçon veut retourner au lycée et Ossie la fille ainée sombre peu à peu dans une douce folie habitée par des voix et des visions, elle disparaît dans les marécages bientôt suivie par sa petite sœur partie à sa recherche avec l’oiseleur.

Deux parties animent ce récit, la première avant le décès de la mère est un peu lente mais chacun des personnages est décrit avec humour et légèrete. Original aussi ce père de famille qui se fait appeler chef Bigtree. Ils sont fantasques, drôles et vivants.

Dans la deuxième partie, nous voila plongés dans un nouvel univers où se côtoient d’étranges créatures, un univers à la fois onirique et féérique où la nature foisonnante, luxuriante occupe une place importante. La barque, la barge avec lesquels se déplacent Ava et Ossi, symboles du cheminement iniatique, qui leur permettront de faire leur deuil. Voyage initiatique au terme duquel plus rien ne sera jamais pareil, Ava la jeune narratrice du récit laissera son enfance et ses certitudes.

Cette aventure fantasmagorique les transformera à jamais mais leur retour dans notre réalité les aidera à grandir, à quitter l’enfance et à se retrouver réunis en famille grâce à Kiwi le grand frère.

Finalement cette histoire de famille terrassée par le chagrin est une formidable fresque, on en sort même revigoré. c’est plein d’énergie , de force de vivre.

Cette jeune raconteuse d’histoire nous pousse en avant et son optimisme est plutôt convaincant.

Ecoutons la voix d’Ava à la fin du récit :

« Au moment où il (papa) fit un pas en avant, ça m’était bien égal de perdre notre île. A nous quatre – nous cinq en comptant maman –, nous étions cette île. Nous formions à nouveau une famille, et cette affection partagée était le plus chaleureux des foyers ».

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