Le garçon sauvage : Carnet de montagne de Paolo Cognetti 1


  • Le Garçon sauvage raconte l’histoire d’un écrivain trentenaire, qui après un malheur dont il ne dit mot, ne supporte plus sa vie milanaise et ne parvient plus à écrire. Il part expérimenter la vie dans le Val d’Aoste, près de l’endroit où il passait toutes ses vacances d’été lorsqu’il était enfant. Cela fait une dizaine d’années qu’il n’est pas retourné à la montagne, qui enfant représentait pour lui l’idée de la liberté la plus absolue. Il souhaite renouer avec cet enfant sauvage où il puise ses souvenirs les plus heureux. Il emporte avec lui des livres de ceux qui ont écrit sur la montagne : les poèmes et nouvelles de Mario Rigoni Stern, « Histoire d’une montagne » d’Élisée Reclus, « Walden » de Henri David Thoreau ,  « Un été dans la Sierra » de John Muir, « Into the wild » de Jon Krakauer qui raconte le voyage de Christopher McCandless, qui a délaissé un avenir brillant pour un vagabondage solitaire qu’il termina en Alaska, mort de faim. Il admire ces auteurs, ils l’inspirent, et il va ponctuer son roman d’extraits de leurs écrits.

Il loue donc une baita, faite de bois et de pierres, construite par des bergers il y a quelques siècles pour abriter hommes et bêtes à la saison de l’estivage. Elle se situe à 2000m d’altitude, dans un hameau déserté, entourée des ruines de chalets, de la forêt, des pâturages, des montagnes, d’une fontaine creusée dans un tronc d’arbre ; bercée par le murmure d’un torrent.

Ses pérégrinations transportent au cœur de la montagne, dans le parfum des mélèzes, des pins sylvestre et cembro, du sapin rouge. Je me suis senti lui, voyageant avec ses mots…. Alors, j’ai rencontré des chamois, des lièvres, des chevreuils, des aigles, des troupeaux de bouquetins, des chocards à bec jaune. J’ai écouté le chant des oiseaux et observé les niverolles alpines à la recherche de larves d’insecte dans la terre gorgée des eaux de la fonte, nidifiant dans les cavités rocheuses ou les murs des chalets. Je me suis rafraîchie de l’eau au goût de givre sortant de la fontaine, dans le creux des ruisseaux et des torrents s’écoulant sur un lit de galets fins aux reflets blancs et bleus. La fonte des neiges m’a révélé ses surprises : le crâne d’une marmotte, les restes d’un feu de camp, la naissance des crocus, le trou du mulot sorti de son hibernation.

De progressions en réflexions, il fait face à ses peurs, se décourage parfois, pleure aussi, mais se réconcilie avec l’existence. Il s’avoue lui-même qu’en tant qu’ermite il ne vaut pas un clou, se cherche des amis, mais garde ses distances avec les randonneurs, parce qu’ils apportent des nouvelles d’un monde dont il ne veut rien savoir. L’hiver est passé,  l’été a fait ses valises –c’est la désalpe-  bergers et troupeaux regagnent la vallée. Il range, fait ses adieux, et se prépare à retourner dans la civilisation. Il fait le bilan de son séjour, où il a exploré ses limites, allant voir jusqu’où il pouvait supporter la solitude. C’est l’automne désormais, le matin la montagne est à nouveau scintillante de givre. Les baitas se referment jusqu’à l’été prochain. L’hiver citadin sera peuplé de rêves.


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