Les désorientés de Amin Maalouf – roman 1


Exilé d’un pays du Proche Orient où une guerre civile a éclaté, Adam s’est installé à Paris où il exerce le métier d’historien. Vingt-cinq ans ont passé quand il revient au pays, pressé par l’appel de son ami de jeunesse, mourant.

Funeste urgence, celle-ci décidera Adam à entreprendre ce périple, ce retour aux origines « après des lustres d’éloignement volontaire ».

Ecrit en grande partie sous la forme d’un carnet de notes, on suit la progression des réflexions d’Adam, au fur et à mesure de son cheminement. Le temps qu’il remonte l’amène à sa jeunesse, où la bande de copains qu’il fréquentait croyait en un monde meilleur. Que sont-ils devenus, ces amis qui se disaient inséparables mais que la guerre a dispersés ? Ces « désorientés » ?

Certains, comme lui, ont choisi l’exil, d’autres sont restés dans leur pays natal.  A l’heure des bilans, Adam voit dans ce retour le moyen de retrouver cette amitié bouleversée. Il décide alors d’organiser des retrouvailles. Au fil des contacts qu’il renoue et des correspondances qui scandent le roman, des confidences se font, des parcours de vie bien différents se dessinent.

L’écriture simple et profonde du roman d’Amin Maalouf a la force des textes qui questionnent autant qu’ils émeuvent. Le scepticisme d’Adam face à la situation de son pays natal est traversé par une question récurrente –  faut-il se sentir coupable d’être parti ? –  à cela se mêle la nostalgie d’une époque révolue.

Ce livre parle de l’attachement aux racines, du trouble des réminiscences, de l’abandon à la sensualité d’une terre où il faisait bon vivre, de l’affection et des choix à faire.

Les délices de l’Orient nous parviennent en descriptions éloquentes,  mais c’est aussi la désillusion que l’on lit entre les lignes. Touchant à la fois la dimension intime et universelle, l’auteur ne fait-il pas faire à son narrateur le constat amer mais lucide qu’un monde est fini, celui de sa jeunesse bien sûr, mais aussi de l’extinction d’une civilisation ?


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Commentaire sur “Les désorientés de Amin Maalouf – roman

  • françoise

    Les désorientés c’est aussi un dialogue entre l’Orient et l’Occident : le point de vue des personnages sur les « événements » du XXème siècle (la révolution communisme, la création de l’Etat d’Israël, les conflits du moyen-orient, la montée de l’islamisme…)à travers le regard objectif d’Adam, le narrateur-historien est éloquent. Où l’on se rend compte alors que personne n’a tord, personne n’a raison… alors quelle posture prendre ? Faut-il resté neutre ?
    – « Il vaut mieux avoir tort dans l’espoir, que raison dans le désespoir » déclare le narrateur
    La voix de la sagesse ?