Rentrée littéraire janvier 2011 : Des femmes disparaissent, de Christian Garcin 1


desfemmesdisparaissentDes femmes disparaissent, Christian Garcin, Editions Verdier

Le détective privé Zhu Wenguang, dit Zuo Luo ou Zorro, vit à Guangzhou, et s’est spécialisé dans la libération de jeunes femmes pauvres vendues par leurs parents à des maris qui les séquestrent et les maltraitent. Attablé dans un café avec son ami et indic Bec-de-Canard, il repère un quatuor de Japonais suspects dont il pense aussitôt qu’ils sont à la recherche de la belle Yatsunari Sesuko, une jeune femme qui a marqué sa vie et qui est morte depuis de nombreuses années, quelque part au nord du Japon : il est effectivement agressé par l’un d’entre eux, qui doit à l’heure actuelle toujours le regretter !
Après avoir délivré deux nouvelles jeunes femmes, il part donc pour New York où il pense obtenir des renseignements sur le commanditaire de cette agression. Il finira effectivement par le retrouver du côté d’Hokkaïdo et découvrira que lui aussi a été mêlé de près à la vie de Zheng Leyun et Yang Cuicui, les deux autres femmes qui ont autrefois compté pour Zhu Wenguang.

J’ai beaucoup aimé ce roman.
Le récit ne suit pas complètement l’ordre chronologique et il est entrecoupé de l’évocation de la vie des trois femmes, du passé de Zhu Wenguang racontés à d’autres personnages, de contes traditionnels bouddhistes… Le tout sur fond de chansons chinoises dont l’auteur cite les paroles. Il n’est pas toujours facile de savoir qui raconte : si dans l’essentiel du roman le narrateur est l’auteur, dans quelques chapitres de la fin, ce sont à la fois Zhu Wenguang et Yôko qui mènent des monologues parallèles, distingués uniquement par la typographie. Il suffit de se laisser embarquer et de ne pas bouder son plaisir…
On rencontre nombre de personnages tous plus incroyables et improbables les uns que les autres, à commencer par Zhu Wenguang lui-même : un justicier herculéen à la face de pleine lune, sentimental mais apparemment imperméable et impénétrable, doué d’une souplesse et d’une force extraordinaires. Une serveuse russe à la démarche ondulante, deux frères qui parlent tellement qu’ils ne savent même plus ce qu’ils sont en train de dire, une medium sino-américaine persuadée de reconnaître dans un vieux chien errant la réincarnation d’un truand chinois mort quinze ans plus tôt, une petite fille qui semble avoir pour passe-temps de tuer des animaux, un crapaud-buffle qui ressemble à Bec-de-Canard… Et Chen Wanglin : quel est vraiment son rôle ? Christian Garcin le présente comme l’auteur du livre, et c’est en même temps l’un des personnages, qui a écrit Les aventures de Zuo Luo, le renard justicier et a envoyé son manuscrit à son oncle, le mari de la medium… De quoi s’y perdre !
Et l’auteur semble prendre beaucoup de plaisir à décrire les recoins sombres et malodorants des bas quartiers où notre détective agit de nuit : les poubelles débordantes fouillées par des rats ou des chats, les portes rouillées, les escaliers sombres… Mais ce n’est pas pour autant un roman sombre, bien au contraire, c’est jubilatoire.


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Commentaire sur “Rentrée littéraire janvier 2011 : Des femmes disparaissent, de Christian Garcin

  • Elisabeth

    Christian Garcin a participé hier soir à La grande librairie de François Busnel, en compagnie de James Elroy (La malédiction Hilliker), Andreï Makine (Le livre des brèves amours éternelles)et Dominique Sylvain (Guerre sale). Si vous avez manqué l’émission, vous pourrez voir sa rediffusion dimanche matin à 8h55, ou bientôt sur le site de La grande librairie pour une semaine seulement.