Corée du sud


Cinéma coréen (suite)

Toujours dans le cadre de la sortie en France d’un grand film coréen hier 18 mars (« The Chaser »), voici un autre film remarquable (mais déconseillé aux – 16 ans tout de même) après le polar « Memories of Murder » de BONG Joon-Ho : le film fantastique (ou d’horreur ?) « 2 soeurs » – « A Tale of Two Sisters » (2004), du réalisateur sud-coréen KIM Jee-Woon.

(www.allocine.fr)

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Film psychanalytique ou d’épouvante ??? Un peu les deux à mon avis, puisqu’ici on passe sans cesse de la réalité aux fantasmes délirants d’une des deux soeurs en question, Sumi (la première scène du film nous la montre d’ailleurs hagarde, dans la salle froide et aseptisée d’un hôpital psychiatrique, on est d’ores et déjà prévenu du drame qui a eu lieu…).
Son père s’est remarié suite au décès de sa mère – à la fois absente et omniprésente dans le film – et elle n’accepte ni la situation tragique de cette disparition maternelle, ni sa marâtre de belle-mère, qui la déteste réciproquement et la brutalise (un peu à la manière des contes de fées européens, « Cendrillon » en tête).

L’emménagement au sein d’une nouvelle maison dans un endroit magnifique mais isolé – superbe photographie et mise en lumière ici – va accentuer cet état de fait, et d’étranges phénomènes vont apparaître : cauchemars (ou rêves éveillés ?), portes d’armoire qui grincent, sentiment d’une présence inquiétante dans cette fameuse armoire – qui sera un élément essentiel du scénario, on le découvre à la fin, lorsque le puzzle est reconstitué – ou sous l’évier de la cuisine, accès de colère et affrontement entre Sumi et sa belle-mère, au sujet de sa soeur plus faible et harcelée par cette « concurrente » de la mère divinisée, crises de folie meurtrière…
Mais tout ceci est-il la réalité, ou les images qui défilent dans l’esprit troublé de Sumi, lorsqu’elle oublie de prendre ses cachets ??? Au spectateur de se faire son opinion…

Comme dans d’autres films asiatiques du genre (« Ringu » du japonais Hideo Nakata et son remake US « Le Cercle », ou bien « The Eye », film thaïlandais des frères Pang également pillé par Hollywood…), ici l’angoisse extrême n’est pas tant dûe aux images violentes et à l’hémoglobine, qu’à tout ce qui est suggéré, parfois par de simples objets du quotidien : un bruit bizarre dans la maison, une télé qui s’allume, de l’eau qui coule, le sentiment d’une présence derrière soi…
L’aspect des spectres – typiquement asiatiques – y est pour beaucoup également : corps difformes et démarche hésitante, longue chevelure noire et yeux exorbités qui glacent le sang. Si vous avez vu (dans « Le Cercle » – « The Ring » de Gore Verbinski, 2003) le fantôme chevelu de Samara remonter d’un puits avec ses longs doigts crochus, puis s’approcher pas à pas de « votre » écran de télévision, pour le traverser et rentrer dans la « réalité » de « votre » salon, vous pouvez me comprendre !!!

« Deux soeurs » a obtenu le Grand Prix 2004 du Festival du film fantastique de Gérardmer (Vosges). Bon visionnage…


Cinéma coréen (sortie nationale de « The Chaser »…)

A l’occasion de la sortie remarquée, ce mercredi 18 mars, du film noir sud-coréen « The Chaser » (l’histoire d’un ex-policier devenu proxénète qui enquête sur la disparition de sa protégée, prostituée mère d’une fillette, enlevée par un serial-killer ayant réellement sévi ces dernières années dans le pays), retour sur un autre polar très marquant : « Memories of Murder » (2003), du réalisateur BONG Joon-Ho, quatre fois primé au Festival du Film policier de Cognac, dont la récompense suprême, le Grand Prix 2004.

(scène de "Memories of Murder", www.allocine.fr)

(scène de "Memories of Murder", www.allocine.fr)

Inspiré d’une histoire vraie – la première affaire de serial killer en Corée du Sud, qui a tué et violé une dizaine de femmes, de 13 à 71 ans, entre 1986 et 1991 – et situé dans le contexte tendu de la fin des années 80 et de la Guerre froide (menaces du voisin nord-coréen), ce film est un grand polar, original pour le côté asiatique du genre, plus habitué aux studios hollywoodiens, non dénué d’humour et parfois d’une certaine naïveté, typique du cinéma asiatique.

Sublimes images de la campagne coréenne, dans cette province de Gyiunggi – le film  a été tourné sur les lieux-mêmes de l’affaire réelle… L’ambiance nocturne est terrifiante (certaines scènes où la pluie tombe à verse notamment, un peu comme dans « Seven » de David Fincher), le film a un côté séduisant et dépaysant, quasi-hypnotique… Ici sur l’image on aperçoit un épouvantail installé non par les paysans, mais par la police locale elle-même (un écriteau dissuade vainement le tueur en série !), démunie à l’époque face à un tel déferlement de violence, nouveau pour le pays. D’ailleurs comme dans « Seven », le commissaire local est épaulé par un spécialiste plus aguerri, venu de Séoul, et au départ leurs relations professionnelles sont tendues.

Le meurtrier ne sera jamais identifié ni arrêté, faute de moyens suffisants (les tests ADN, par exemple, devaient être envoyés en Europe ou aux Etats-Unis, alors que le temps comptait ici, la police locale fit même appel à des voyants pour l’aider dans cette affaire !!!)…
BONG Joon-Ho a réalisé en 2006 un film fantastique délirant, lui aussi non dénué de recul et d’humour, l’histoire d’une sorte de monstre du Loch Ness coréen : « The Host ».